C'est l'histoire d'un mec un peu barjo qui s'appelait Maurice et qui s'identifiait à une voiture qu'il avait dénommé MON CORPS.
MON CORPS avait été conçu en 1937 et avait vu le jour par le siège, ce qui était bien le moins pour une voiture. Si tôt démarré, MON CORPS avait fonctionné à plein régime : la clef de contact ayant été rapidement égarée, MON CORPS ne s'arrêtait jamais.
MON CORPS n'était pas l'objet de soins attentifs : tous les carburants étaient utilisés pour le faire fonctionner et même, pendant de très nombreuses années, on l'alimenta en additifs spéciaux dont "ROYALE bout filtre" qui lui donnait l'occasion de dégager une intense fumée. Les vidanges étaient exceptionnelles et les passages au garage aléatoires.
Au cours des années 60, MON CORPS rencontra une copine qui s'appelait LIMOUSINE : elle était belle à ravir et quelques années plus tard, il réussit à la prendre en remorque et à l'emballer à la même vitesse que lui.
Avec la participation active de MON CORPS, LIMOUSINE se mit à la fabrication et en peu d'années deux spécimens furent mis au point. Actuellement, ils roulent de façon indépendante et ont à leur tour mis en route leur propre production.
A peu près à la même époque, MON CORPS fit équipe avec une voiture en tous points identique à la sienne : très vite ce duo devint une des valeurs de référence sur les circuits du sport. Malheureusement, en 1987, MON CORPS perdit son équipier et ne s'en remit jamais.
A la suite de chocs répétés dans son radiateur, MON CORPS se mit à consommer des quantités d' eau impressionnantes. Se décidant enfin à se rendre au garage, le mécanicien diagnostiqua une panne de régulateur : on put régler rapidement le problème de la surconsommation d'eau, par contre, pour le régulateur, on ne put le remplacer et on dut mettre en place une surveillance journalière avec prise d'additifs divers qui n'avaient rien à voir avec ceux précédemment utilisés.
Courant septembre 1999, MON CORPS se mit à avoir des ratés. Pensant que c'était anodin, il tarda à se rendre au garage. Quant il s'y décida enfin, le mécanicien lui interdit immédiatement de rouler car le moteur ne marchait plus que sur un cylindre au lieu de trois. MON CORPS fut alors confié à une équipe hautement qualifiée qui décida le changement de durites, mais sans pouvoir arrêter le moteur, ce qui nécessita la mise en place d'un moteur auxiliaire. Tout se passa très bien, sauf que LIMOUSINE était complètement affolée, perdant l'appétit et des kilos. Après quelques jours de surveillance, MON CORPS fut envoyé dans un centre de rodage où il fit encore des siennes en montant son régime moteur à un niveau nettement plus élevé que celui préconisé.
MON CORPS a maintenant rejoint son garage et repris des activités. Il s'est bien juré de respecter les vitesses maximum autorisées, mais il sait qu'il aura beaucoup de mal.
Un grand merci à tous ceux et à toutes celles qui se sont autant préoccupés de la remise en état de MON CORPS. Il a découvert à cette occasion qu'il avait beaucoup plus de vrais amis qu'il ne pouvait l'imaginer : ça lui a fait chaud au coeur, particulièrement pour la façon dont LIMOUSINE fut entourée.
Ceci est le texte d'un devoir d'informatique industrielle donné à une formation complémentaire après un BTS d'automatique, en 1992. Ceux qui se sont intéressés à la programmation des circuits d'interface des micro-ordinateurs compatible PC apprécieront!
En 2011, 19 ans après la terrible hécatombe du 16 avril 1992, les APRI3 rescapés furent envoyés sur KEERN, la planète extensible. L'agence pour le dépeuplement de la terre (ADT), qui commanditait le voyage, espérait ainsi résoudre le problème de la prolifération des humains trop savants, et les APRI3 étant à la pointe dans ce domaine étaient tout désignés pour la première prise de contact. Celle-ci fut très cordiale et commença par la classique "poignée de mains" électronique, mais quelle ne fut pas la surprise des arrivants en constatant que le protocole SMLP (Serre-Moi La Pince) identifiait une réponse atrophiée. Il fallut vite se rendre à l'évidence : les keerniens ne possédaient que 3 doigts à chaque main.
Et de là découla une multitude de difficultés que l'ADT n'avait pas prévues, en particulier les keerniens comptaient en base 6. Aussitôt les APRI3 envoyèrent un message, demandant qu'on leur fit sur le champ un programme assurant la conversion. Hélas, le fameux BORLAND, le seul capable d'un pareil exploit, en était au comptage en base irrationnelle, et allait attaquer prochainement la base transcendante. Pas de temps à perdre avec une clientèle réduite et aux moyens très limités : l'ADT n'avait-elle pas dû acheter le carburant de retour à crédit? C'est alors que le chef de l'expédition se rappela qu'ils avaient une arme formidable : leur ancien professeur leur avait dit que l'ASSEMBLEUR était capable de tout. C'était le moment de le vérifier. Il s'attaquèrent au problème et en arrivèrent à bout : mettant grâce au PASCAL un nombre en base 10 dans la machine (même un nombre important : ils allèrent jusqu'à se risquer avec 65000!), celle-ci, grâce à une procédure écrite en langage d'assemblage, leur ressortait une kyrielle de chiffres que les keerniens comprenaient : plus de 6, ni de 7, ni de 8, ni de 9. Tout était en base 6. Les APRI3 d'ailleurs s'en amusèrent beaucoup : entrant dans leurs ordinateurs le nombre situé en bas à droite de leur bulletin de salaire ils avaient l'impression d'être immensément riches. Mais une autre difficulté les attendait : au moment du retour un calculateur tomba en panne. Heureusement les keerniens en avaient de semblables, de vieux BIM, qui s'avérèrent compatibles à 99% avec les leurs. Mais le 1% manquant était ennuyeux : c'était le circuit d'interfaçage parallèle commandant la mise à feu de leur fusée qui était différent : il s'agissait d'un circuit 102115 qu'ils ne connaissaient pas. Fouillant leurs bagages ils trouvèrent le document qui accompagnait leur cours de programmation. Leur chef avait insisté pour l'emmener : rapport renseignements-poids il était imbattable. En le compulsant ils se rendirent à l'évidence : page 44 (pardon, 28) et suivantes s'étalait tout ce qu'il fallait connaître pour programmer le 102115. Ils y arrivèrent : la preuve c'est qu'ils rentrèrent sain et sauf. Et ils avaient tout rapporté :
1) L'organigramme du changement de base.
2) Les listings correspondants en PASCAL et en ASSEMBLEUR.
3) Une trace de l'exécution.
4) Les instructions de configuration du circuit 102115 en mode zéro, le port A en sortie, tous les autres en entrée. Ils avaient même eu le bon goût de placer la première adresse du circuit dans une mémoire qu'ils avaient appelée tout bêtement AD-CI.
5) Une séquence d'entrée sur le port B, avec test du bit de bonne fin du compte à rebours (le bit de signe par ailleurs), et répétition de l'entrée s'il est absent.
6) Une séquence de sortie sur le port A, avec le bit de mise à feu de la fusée, (le bit 4) à un, tous les autres à zéro.
Cependant un doute les tenaillait : leur travail était-il vraiment parfait, ou bien un zeste de chance leur avait-il permis de quitter KEERN sans dommage? C'est pourquoi ils soumirent leurs documents à leur ancien professeur, qui les nota, comme d'habitude! A son âge, il lui était tout à fait impossible de changer ses manies!
En vélo
La côte était ardue. Chaque pédale, tour à tour, semblait aussi résistante qu'une marche d'escalier. Elle cédait pourtant, et les roues avançaient par saccades. La machine faisait front, d'un côté puis de l'autre, comme une chèvre qui lutte contre un chien. Jules Romain "Les copains".
Adieu à Charlotte
Je parle ici en mon nom et en celui de mon frère jumeau Michel, ce qui explique les « on » et les « nous » de ce qui suit.
Chère Charlotte, la vie n'a pas été facile pour toi, qui dès ta plus tendre enfance, a été victime d'un accident qui t'a privé de la vue d'un oeil et beaucoup fait souffrir. Et puis ce fut les années de primaire, presque fille unique puisque ton frère aîné Robert était lycéen interne à Dijon, debout entre papa et maman, chaque pied sur un barreau de leur chaise. Nous n'avons pas connu cette période, n'étant pas encore nés, c'est un récit de nos parents. La suite immédiate, pendant tes études à Bar-le-Duc, ne nous laisse que de vagues souvenirs, pendant les grandes vacances, tes retours de promenades à bicyclette avec Robert et notre cousin Maurice, des jupes-culottes, des raquettes de tennis, des absences pour des stages de gymnastique, et puis tu disparaissais de longs mois, et on avait tellement de joie quand tu revenais. Ensuite ce fut la guerre, l'exode, le travail exigeant d'institutrice, dans des classes à tous les cours à la campagne, mais où ton dévouement, tes compétences, ta rigueur, ton autorité naturelle ont conquis tes élèves et leurs parents. Dans ces années de privation, pas d'abattages plus ou moins clandestins sans qu'une villageoise t'apporte, dans un plat recouvert d'un torchon, un morceau de filet, des côtelettes ou des grillades.
A peine la guerre terminée, tu t'es préoccupée de notre avenir, celui de mon frère Michel et du mien, en nous accueillant dans ta classe, à Lucey, pendant deux ans, pour nous préparer sérieusement au certificat d'étude et à l'entrée au collège. Tu nous as même appris les bases de l'allemand, ce qui nous a permis d'entrer au collège directement en cinquième. Ces années à Lucey ont été pour nous un éveil formidable, une leçon de vie extraordinaire, grâce à ta pédagogie moderne, j'ose dire avangardiste : méthode Freinet, dissection de souris, de grenouilles, élevage de têtards. Et toujours une discipline sévère mais souple, avec des élèves très différents. Tu étais un conseil désintéressé pour tous et presque une amie pour les grandes de 14 ans. Quand je pense à cette période, ce ne devait pas être reposant d'assurer son métier, de s'occuper de l'intendance de 3 personnes, sans le confort d'aujourd'hui et sans d'aide d'aucune sorte.
Enfin tes mérites furent reconnus et tu fus nommée à Châtillon-sur-Seine, dans une classe à 1 ou 2 cours, ce qui était un progrès considérable. Aussitôt tu fus très appréciée par le Directeur de l'école et par tes collègues. Et tu as fait encore un effort pour nous en nous hébergeant, malgré la crise du logement de l'époque (Châtillon avait été bombardé et tout le centre était en ruine), dans ton petit deux pièces, rue Siméon, pour qu'on soit scolarisés au collège Désiré-Nisard. On t'en est infiniment reconnaissant. Pour nos parents, ruinés par la guerre, payer la pension de deux enfants était un lourd sacrifice que tu leur as évité pendant un an.
C'est à cette époque que tu as connu ton mari Michel, le mariage a eu lieu à Gurgy, on avait décoré la grange, remis en service le four à pain, ce fut une belle fête.
Et l'année suivante, le premier déménagement dans Châtillon, des joies mais aussi un surcroit de travail : la naissance de Josiane suivie de celles des jumeaux Jean et Gérard, ensuite la nécessité de trouver une nourrice pour les jumeaux, les déplacements à Chaumont en plein hiver pour soigner Jean, que de stress et de fatigue !
Lors des deux années après ton mariage, où on était pensionnaires au collège de Châtillon, tu étais notre correspondante et on échappait à l'internat très dur à cette époque, le temps d'un après-midi. On se promenait dans la campagne environnante, on faisait la course avec notre beau-frère Michel, qu'on considérait, vu la différence d'âge, plutôt comme un oncle qu'un beau-frère. Et avec ses longues jambes il prenait souvent l'avantage.
Ensuite tu es restée à Châtillon-sur-Seine, nous on poursuivait nos études à Dijon, puis Lyon et Paris et on se voyait seulement à l'occasion des réunions familiales, des communions, toujours avec grand plaisir. Puis après une vie professionnelle bien remplie tu profitas de ta retraite dans une belle maison à Châtillon. Mais vint le décès de ton mari et le départ pour Olivet, vers ta fille Josiane, si gentille. Tu repris alors une nouvelle vie, indépendante et courageuse, dans une nouvelle maison. Je n'ai pas eu l'occasion de te rendre visite souvent à Olivet, seulement deux fois je crois, mais mon frère jumeau a eu le bonheur de te rendre encore visite ce dernier automne, avant que ta santé ne se dégrade. Maintenant tu vas rejoindre Gurgy, avant l'été, auprès de nos parents, où tu pourras reposer en paix.
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Chanson pour l'anniversaire des jumeaux à Cagnes en 2013
Sur l'air des demoiselles de Rochefort
Refrain :
Ce sont deux frères jumeaux
Nés sous le signe du vélo
L’un est chauve, l’autre aussi
Michel bricole, Denis aussi
Agrégés ou à ski
Bravo à Michel et Denis
L’un est chauve, l’autre aussi
Denis bricole, Michel aussi.
1er couplet :
Est-ce que ça se voit qu’ils sont nés en Bourgogne ?
Mais si regardez bien, examinez leur trogne.
Chaque année ils font route vers leur contrée natale
Pas pour des retrouvailles mais pour remplir leur cave.
2e couplet :
Mais déjà à Gurgy et à Dijon,
Ils étaient très connus pour faire les cons,
Et après ces années, il reste des secrets,
Ont-ils triché au bac ? Qui a le cœur à droite ?
3e couplet :
Autrefois ils roulaient sur de grosses motos
Ils n’avaient qu’un but : aller draguer les filles
Et puis ils ont vieilli, ont fondé des familles
Remisé les motos, acheté des vélos.
4e couplet :
On les voit pédaler sur les routes de France
Même fourbus claqués toujours ils recommencent
Ils ne savent pas ce que la retrait’ veut dire
Venez tâter vous-mêmes : ce sont des durs à cuire.
(Paroles de Françoise, Charles et Matthieu)
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En cours d'anglais